Les racines de la souffrance

15 décembre 2014, 10:25

(Transcription d’un enseignement transmis à Paris, le 10 décembre 2014)

Traduction: Olivier Vinet

 

Parfois, nous souffrons dans la vie. Ce qui est étonnant est le nombre de méthodes que nous semblons avoir à notre disposition pour créer nous-mêmes cette souffrance. Quand nous en avons terminé avec l’une, nous en inventons une autre. Il semble que ce soit une dépendance. Quand notre ancienne forme de souffrance devient désuète et ennuyeuse, nous en trouvons une nouvelle. Quelle créativité !

 

Il se trouve que la souffrance est le thème central de l’enseignement du Bouddha intitulé « les quatre nobles vérités ». Selon lui, la souffrance fait partie de la vie ; voilà pour la mauvaise nouvelle. Mais elle peut être transcendée ; voilà pour la bonne nouvelle.

 

Le Bouddha était très pointu dans son analyse de la nature de la souffrance, de notre manière de souffrir.

Selon lui, il y a deux formes de souffrance : la première consiste à vouloir quelque chose qui n’est pas là. Observation à mon sens pertinente.

 

La seconde consiste à ne vouloir absolument pas de quelque chose qui est pourtant là dans notre vie. On résiste à ce qui est, on veut que cela disparaisse. Et c’est précisément cette résistance qui engendre la souffrance. Quelque chose n’est pas là. On le veut. On souffre.

 

Si vous observez tous les moments pendant lesquels vous souffrez, vous en reviendrez chaque fois à ces deux mécanismes.

 

Aussi, quelle était sa solution ? Elle était très radicale. Si je désire quelque chose qui n’est pas là, je souffre. Si je désire que quelque chose qui est là ne le soit pas, je souffre également. Dans les deux cas, le désir est la racine de ma souffrance. Autant renoncer à tous les désirs.

 

Apparemment, c’est ce qu’il a fait. Grâce à cela, sa souffrance a pris fin. Cela peut paraître facile, mais nous savons bien qu’il n’en est rien.

 

Imaginez… Ce que vous voulez le plus, c’est telle femme ou tel homme… Et quinze ans plus tard, ce que vous voulez le plus, c’est le divorce (rires) ! Cela vous fait rire, car vous savez que c’est vrai…

 

La solution qu’il prônait était donc de renoncer à tout désir. Telle a été sa démarche. C’est ainsi qu’il a tout quitté. Maintenant, pour être honnête, je ne sais pas si c’est la solution à tous les problèmes. Il existe un très beau film sur le Tibet, Samsara. À la fin, une femme s’approche du moine qui venait de la quitter, comme l’avait fait le Bouddha, qui avait lui quitté son royaume, sa femme et leur enfant. Cette femme pose au moine une grande question existentielle : « N’aurais-tu pas pu atteindre tout cela sans me quitter ? »

 

Bonne question.

 

La chose que je trouve vraiment fascinante est l’évolution de la conscience. Même les Maîtres évoluent. Si vous songez à certains des aspects qui caractérisaient les Maîtres d’il y a 2500 ans, vous vous apercevrez que certains ne sont pas du tout raffinés, pas du tout sophistiqués.

 

Je sais que de nos jours, le Bouddha est très révéré. Mais à mon sens, certains attributs du bouddhisme relèvent totalement de l’ignorance, en particulier sa relation aux femmes. Je n’ai jamais compris comment une femme pouvait devenir bouddhiste. Probablement ne comprend-elle pas ce qui se passe vraiment.

 

Voici l’un des vœux du Bouddha de la médecine : « Je prierai pour que vous, pauvres femmes, vous toutes qui êtes ici, les filles, vous deveniez des hommes dans votre prochaine incarnation [toutes les femmes rient]. Car alors, vous aurez une chance d’être libérées. En effet, en tant que femmes, cela vous est impossible, vous n’êtes que des créatures inférieures [les femmes rient de plus belle].

 

Voilà une réalité du bouddhisme. Les filles, je suis désolé. Vous pouvez rentrer chez vous. Pas besoin que vous veniez ici, vous n’avez aucune chance d’atteindre la libération de la conscience !

 

Quand on comprend cela, comment ne pas se rebeller ? C’est d’ailleurs ce que certaines Américaines ont commencé à faire avec le Dalaï-lama.

 

Donc, il ne faut pas chercher les Américaines. Et une fois que les Françaises auront compris cela, elles rejoindront les rangs des Américaines et ensemble, elles iront rendre une petite visite au Dalaï-lama.

 

C’est la même chose qui se passe dans une maison qui a 1500 ou 2500 ans d’âge. Quand il pleut, le toit fuit. 

Et voilà ! Voilà pour la mauvaise nouvelle.

 

Mais la bonne nouvelle est que la conscience évolue et devient de plus en plus sophistiquée.

 

En réalité, il me semble que les femmes ont au contraire de plus grandes chances d’atteindre l’éveil que les hommes.

À ce sujet, la situation est inhabituelle, ce soir. Regardez le nombre d’hommes qui sont présents. C’est incroyable. En général, les femmes constituent 80 % du public. C’est normal. Car elles sont plus sensibles que les hommes. Elles ressentent davantage. Elles sont plus médiums.

 

À l’exception, bien sûr, de tous les hommes présents ce soir. Ce sont des êtres exceptionnels [rires] !

 

Non, vraiment, les personnes présentes ce soir sont des êtres sensibles, et je dirais même hypersensibles. Cela fait parfois partie de leur souffrance. Vous venez ici, vous vous sentez formidablement bien. Puis vous allez dans le métro et vous ressentez tout ce qui s’y passe. Vous ressentez trop.

 

Pour en revenir à notre thème central, la souffrance, je voudrais rajouter quelques mots pour terminer.

Il est très important, si vous souffrez dans la vie, de vous poser la question suivante : “Quelle est ma souffrance ?” Demandez-vous vraiment : “Comment est-ce que je crée ma souffrance ?” 

 

Parce que derrière, il y a un schéma, que vous devez découvrir. Vous devez remonter à la source de votre souffrance et comprendre de quelle manière vous reproduisez le même schéma au quotidien. Quel schéma mental et comportemental est à l’origine de ma souffrance ?

 

Faites l’effort d’analyser, d’appréhender votre manière de souffrir. La seule façon d’y parvenir est de vous poser cette question et de vous observer intensivement. Cela demande beaucoup de travail. Mais si vous le faites, vous en retirerez des bienfaits. Vous verrez votre souffrance. Vous remonterez à sa source. Parfois, il est tout à fait suffisant de la voir, car ainsi, elle commence à disparaître. Voilà pour la bonne nouvelle.

 

Prenez conscience de la manière dont vous vous faites souffrir. Une fois cela fait, pourquoi reproduire le même schéma ?

 

Bien sûr, la réponse est là encore simple. Vous reproduisez le même schéma, parce que vous avez peur de lâcher prise. Vous avez peur de faire le grand saut.

 

Il y a quelque chose de très étrange à propos de la souffrance et de la manière dont on la crée. Au bout d’un certain temps, on devient très doué, on s’y sent très à l’aise. On prend un marteau, on se tape sur la tête et on se sent très à l’aise dans cette souffrance que l’on s’inflige.

 

Et si l’on cesse, on ne sait ce qui va se produire. L’inconnu. Ce qui est fascinant est que l’on peut développer une dépendance fascinante à ce qui nous fait souffrir. Alors, on a peur de lâcher prise.

 

Imaginez que vous êtes un oisillon qui se tient au bord du nid. Vous êtes censé vous envoler. Mais le nid dans lequel vous étiez depuis longtemps était très douillet. Et maintenant, on vous dit : “Envole-toi !” Et vous répondez : “Ah oui, vraiment ?” [Rires]

 

Vous regardez à l’extérieur du nid : “C’est très profond ! Et si je n’arrive pas à m’envoler ? Et si je tombe ?” Vous avez peur de déployer vos ailes.

 

Je vous invite donc à explorer les racines de votre souffrance. Cela vous apportera des bienfaits. Et voilà !